





Tout public, à partir de 11 ans
Aux sources de cette création : A Rebours, ovni décadent écrit par JK Huysmans en 1884 où le personnage principal, Des Esseintes, s'échappe du réel dans lequel il évolue pour mieux s’en recréer un autre. Il s’entoure d’éléments aussi étranges que mystérieux ; des animaux vivants et morts, ainsi que des plantes choisies pour leur aspect monstrueux et artificiel.
Persuadé que la "Nature" n’a plus rien à apporter à l’Humain, il n’est pas dans un rapport de ‘vivre avec’, mais de vivre ‘au-dessus’. Il nous renvoie à cette relation malheureusement si contemporaine de façon poétique et troublante : le microcosme qu’il recrée, qu’il veut dompter et façonner finit par mourir (sa tortue), lui échapper (ses fleurs), ou le perturber (il est pris d’hallucinations olfactives). Il finira donc par retourner ‘à la civilisation’, choisissant de ne pas s’adapter à ce nouveau réel qui l’entoure. En refusant de se plier à l’inconnu, il n’envisage pas d’achever ou de poursuivre sa transformation.
De cette fin amputée des possibles échappées fantastiques qu’elle esquissait, est née l’envie d’imaginer une libre adaptation d’A Rebours à partir de ce postulat :
Et si Des Esseintes ne parvenait pas à s’extirper de ce qu’il a impulsé, que son enveloppe corporelle, affectée par ce qui l’entoure, poursuive son processus de disparition et/ou de transformation ?
Le propos d’A Rebours offre un possible magique et marionnettique inouï, où la question du statut d’ "Humain", au cœur-même de l’identité créative de Yôkaï, résonne de façon puissante et infinie.
Le lien entre l’âme et l’enveloppe sera porté par une manipulation de fumée, dans un travail de disparitions/apparitions fulgurantes ou progressives, la matière elle-même incarnant cet état fragile de présences entre-deux. Enfin, le souffle de vie, avec l’autonomie progressive des créatures qui en semblaient initialement dépourvues, viendra parachever cette réflexion, mise en exergue par le titre hautement symbolique du spectacle : Nature Morte.