Giles Renault
Ainsi, durant cette «Traversée des apparences»(…) tombe-t-on sur Killing Alice, un ensemble animé d’installations fantasmagoriques, sinon flippantes, conçues par Violaine Fimbel et Marjan Kunaver. Une création de 2017, à l’origine destinée au spectacle Possession, qui racontait comment Antonin Artaud, découvrant Alice de l’autre côté du miroir, avait accusé Lewis Carroll de l’avoir plagié «par anticipation» (sic).
Un pied sur scène, l’autre dans un atelier, Violaine Fimbel tergiverse quand on lui demande où elle se situe exactement : «Je me considère à la fois comme une marionnettiste et une plasticienne, qui a pactisé avec la magie, de manière intuitive d’abord, puis plus structurée, lorsque j’ai intégré la 10e promo du Cnac (en Magie Nouvelle). Pour autant, il n’est toujours pas évident pour moi de mettre des mots sur un langage artistique qui, dans mon cas, de l’émerveillement à la peur, tourne par essence autour du rêve.»
Cristina Marino
Au pays des merveilles de Violaine Fimbel
Pénétrer dans l’atelier de la compagnie Yokaï, rue Pierre-Gillet, non loin de la place Ducale, c’est entreprendre un voyage dans l’univers étrange de l’artiste Violaine Fimbel, peuplé de créatures inquiétantes comme cette Alice animée aux yeux bleus qui s’emplissent soudain de larmes noires et dont le visage finit par se recouvrir d’un masque grimaçant (un symbole de la contamination de l’univers de Lewis Caroll par celui d’Antonin Artaud, au centre du spectacle Possession). Dès sa sortie de l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam, 9e promotion, 2011-2014), diplôme en poche, en octobre 2014, cette jeune marionnettiste et plasticienne (et bientôt aussi magicienne car elle a entrepris une formation sur la magie nouvelle au Centre national des arts du cirque) décide de fonder sa propre compagnie, baptisée Yokaï, un terme japonais pour désigner un monstre, et plus largement un phénomène surnaturel, ou tout ce qui n’est pas humain.
Originaire de la région de Charleville-Mézières, elle a choisi de s’y installer pour y développer ses créations, déjà au nombre de trois, et toutes placées sous le signe d’une « inquiétante étrangeté » : Volatil(e)s, Possession et Gimme Shelter (en cours d’écriture à partir d’une première version courte, Noctarium, et dont la création dans son intégralité est prévue pour la 20e édition du FMTM en septembre 2019). Dans cet ancien magasin de musique, la troupe de Violaine Fimbel, composée d’un noyau dur de quatre personnes venues de France, du Brésil, de Slovénie et d’Allemagne, peut bricoler à son aise, construire des marionnettes de toutes les tailles (notamment toutes les créatures originales, mi-humaines mi-animales, du spectacle de fin d’études de la 10e promotion de l’Esnam d’après Brecht) et disposer d’un plateau de représentation pour tester ses spectacles en grandeur réelle.
Juliette Poirier
La jeune Compagnie Yokaï se produira au festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières. Elle propose un univers fantastique et délirant entre magie et illusion. Violaine Fimbel a créé cette compagnie il y a 3 ans, à la sortie de l’ESNAM (Ecole Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette) de Charleville-Mézières. Elle propose une plongée dans l’étrange teinté de glauque. On aimera ou on détestera. Mais dans tous les cas, on ne restera pas insensible à ce spectacle. Son spectacle montre un corps, celui du visionnaire théoricien du théâtre du début du 20ème siècle Antonin Artaud, possédé par les mots et créatures inventées par Lewis Caroll, l’auteur des Aventures d’Alice au pays des merveilles. Un épisode réel de sa vie qui a fasciné la marionnettiste Violaine Fimbel. Son univers est fantastique et délirant. A 28 ans, Violaine Fimbel est diplômée de l’école nationale supérieure des arts de la marionnette à Charleville-Mézières. Elle a choisi d’y rester et d’y monter sa compagnie, sa propre salle de spectacle et son atelier d’où sortent façonnées d’étranges créatures. Les spectacles Possession et Killing Alice sont proposés dans la programmation du IN du festival mondial des théâtres de marionnettes du 18 au 21 septembre 2017 à Charleville-Mézières. (Attention, âmes sensibles s’abstenir)